Histoire de la résistance Normande
Le maquis Surcouf
Le Maquis Surcouf était un groupe de résistants français actif pendant la Seconde Guerre mondiale. Le maquis était composé de membres de diverses tendances politiques et, plus tard, de différentes nationalités. Leur objectif principal était de mener des actions de sabotage contre l’occupant allemand et de soutenir les forces alliées en collectant des renseignements et en effectuant des attaques contre les installations militaires ennemies.
Sous la supervision de Robert Leblanc, les maquisards ont réalisé des sabotages contre les infrastructures, comme les voies ferrées, les lignes téléphoniques et les dépôts de carburant. Ils ont également mené des attaques contre des troupes allemandes et ont participé à des missions de renseignement pour les forces alliées.
Le maquis malgré lui
La création du maquis Surcouf prend ses origines au début de l’année 1942. Loin du mouvement militaire que l’on connaîtra par la suite, les premiers actes de résistance à l’occupation nazie furent l’aide apportée par Robert Leblanc aux réfractaires du STO (Service du Travail Obligatoire). Jusqu’aux quais des gares, Leblanc a aidé les « victimes du travail forcé en Allemagne nazie » à éviter le départ outre-Rhin. Grâce à ses relations et à sa connaissance du bocage normand, Robert Leblanc a pu aider des dizaines de réfractaires à se cacher, tentant ainsi d’enrayer, comme il le pouvait, l’aide apportée par la France à ses ennemis. Les réquisitionnés étaient dispersés comme Leblanc le pouvait à travers la campagne normande, tant auprès d’agriculteurs, soucieux du bien de ces personnes, que dans les grottes et cavernes qui composent les bocages de l’Eure.
Il n’a pas fallu beaucoup de temps avant que, inévitablement, les absents ne se fassent remarquer. Chaque personne arrachée au Troisième Reich était alors une irritation de plus pour l’occupant allemand, qui voyait là des actes de rébellion inacceptables. Très mal armé mais bien entouré de ses nouveaux alliés, Robert Leblanc a commencé à multiplier les actes de résistance. Leblanc, accompagné de l’abbé Meulan et de Robert Samson – dit La Torpille – a ainsi fondé le maquis Surcouf.
Les maquisards furent initialement cachés dans une grotte près de Fourmetot, qui avait l’avantage de ne pas être présente sur les cartes d’état-major, rendant le groupe « invisible » aux yeux de l’ennemi. Avec des vivres limitées et surtout un équipement militaire très sommaire, les premiers actes de résistance visaient autant à endiguer la présence ennemie qu’à assurer la pérennité du groupe. Armés initialement de simples fusils de chasse et de quelques révolvers, les maquisards ont réussi, à force d’embuscades et d’opérations de guérilla, à récupérer un armement décent, permettant de grossir les rangs d’effectifs. Au fil des mois, le maquis est passé de quelques dizaines d’hommes à plus d’une centaine. Très vite, la gestion de ces résistants s’est complexifiée. La gestion du groupe fut très ordonnée. Le maquis était composé de plusieurs sections, chaque section étant elle-même composée de sizaines. Rapidement, la petite grotte de Fourmetot n’était plus suffisante pour accueillir toutes ces nouvelles personnes. La connaissance parfaite du terrain permit aux maquisards de trouver refuge aux quatre coins de la Normandie, et leur logistique et leurs moyens de communication efficaces ont permis d’éparpiller les sections dans plusieurs territoires différents.
La traque aux résistants
Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que le maquis devienne une préoccupation majeure des Allemands. La traque aux maquisards devint une affaire presque personnelle pour Louis Alie, inspecteur de police à Rouen et chef des brigades « antiterroristes ». Ce collaborateur zélé fut le « rival » de Robert Leblanc et poursuivit une traque sans relâche des « terroristes » normands. On retrouve en lui tous les clichés du collaborateur à l’Allemagne nazie, et la fin qu’il s’est donnée a justifié tous les moyens les plus inhumains. À plusieurs reprises, Alie a réussi à obtenir les informations qu’il souhaitait et à encercler le poste de commandement du maquis. Il déploya chaque fois les moyens humains largement nécessaires pour rendre toute résistance futile. Heureusement, grâce à leur réseau d’éclaireurs et d’observateurs, et à leur connaissance parfaite du territoire normand, les maquisards ont pu s’extirper de l’étau qui se resserrait. À chaque tentative, l’inspecteur ne trouva rien d’autre que des bâtisses désertées.
Malheureusement, la ruse d’Alie finira par provoquer beaucoup de pertes dans le maquis. Malgré toutes les précautions mises en place par les résistants pour l’acceptation de nouveaux membres, et après quatre tentatives infructueuses, l’inspecteur a réussi à y intégrer un agent double, Georgius. Aidés par des gendarmes de Saint-Georges-du-Vièvre, les maquisards avaient accès à de nombreuses informations sur les prétendants voulant intégrer le maquis et déjouaient ainsi les plans de l’inspecteur. Malheureusement, les masques tombèrent et les quatre gendarmes furent arrêtés puis déportés dans des camps de concentration, d’où ils ne revinrent jamais. Le maquis, maintenant privé de leurs précieuses informations, permit à l’inspecteur d’y intégrer son agent double.
Georgius rejoignit les rangs des francs-tireurs normands. Il était un bon tireur, calme et – à priori – loyal, ayant même sauvé la vie de Tartuffe. Après quelques missions rondement menées pour le Surcouf, il se volatilisa un matin de juillet 1944. Ce que le maquis ignorait, c’est que Georgius avait, en réalité, rejoint son « employeur ».
Quelques semaines passèrent après la disparition de Georgius. Après une attaque nocturne face à l’occupant ennemi, une sizaine d’hommes du Surcouf, ayant participé à l’attaque, prirent la route pour Beuzeville, afin d’y passer la nuit. Le village fut réveillé le matin suivant par une section de SS, qui réunirent tous les habitants devant l’église. Les quelques maquisards reconnurent le visage de Georgius, lorsque ce dernier passa en revue tous les habitants du village. Le collaborateur identifia formellement les six résistants, qui furent, sans surprise, incarcérés puis torturés. Alie n’obtint aucune information supplémentaire quant à la position exacte de Robert Leblanc, information que seul le chef de la sizaine, Roger le Lorrain, détenait. Ne pouvant tirer aucune information utile des maquisards emprisonnés, Alie décida alors de feindre la libération des hommes du Surcouf, pour ensuite tous les abattre à la mitraillette. Parmi les dix maquisards présents dans la prison, aucun ne survécut. Ces dix hommes viennent de payer le prix de la liberté.
La libération
La campagne de Normandie, qui fit suite au débarquement des forces alliées lors de l’opération « Overlord », fut un tournant majeur dans la libération de la France et marqua bientôt la fin de l’occupation allemande. Le jour J, le maquis fut bien évidemment en opération, afin de participer à la libération. Le sabotage des rails de chemins de fer, handicapant les Allemands dans leur logistique, ainsi que l’attaque d’une chambre d’hôtel où séjournaient des nazis marquèrent le 6 juin 1944 pour ces résistants. Les avancées des troupes alliées furent rapides. Peu à peu, les villes normandes se vidèrent de l’occupant allemand et furent ainsi libérées par les Anglais, Canadiens et Américains. Les jours suivant le débarquement furent douloureux pour la population normande, les Allemands voulant punir la témérité des Alliés par de lourdes représailles. Le 11 juin 1944, le premier contact est établi entre les maquisards du Maquis Surcouf et, vraisemblablement, les équipages des blindés anglais de la 11th division de Hussards.
Les maquisards rejoignirent ainsi les rangs alliés et, grâce à leur parfaite connaissance du terrain, purent participer à la libération de la Normandie. Les résistants normands rejoignirent les rangs d’une nouvelle division, créée spécialement pour eux : le 1er bataillon de marche de Normandie, commandé par Robert Leblanc. C’est donc maintenant en tenue officielle, à côté des alliés, que les anciens maquisards ont pu participer à la libération de la Normandie.
Alie fut retrouvé et exécuté le 27 décembre 1944. Avant sa mise à mort, il a demandé à rencontrer Robert Leblanc et proposa d’échanger une liste de plus de 200 collaborateurs contre un passeport pour l’Argentine, ce qui lui a été refusé. Son testament, griffonné sur plusieurs pages lors de son passage en prison, a très vite disparu. Un haut fonctionnaire de la Chancellerie a confié que ces pages ont été réquisitionnées et dorment maintenant dans les archives centenaires, interdites même aux historiens, et ne seront consultables qu’en 2044.
Georgius ne sera jamais retrouvé, quelques rumeurs courent à son encontre, mais aucune preuve n’existe à propos de sa vie après la Seconde Guerre mondiale.
Schoeller, interprète pour Alie et tortionnaire zélé, ne sera jamais inquiété et disparaîtra en 1971.
Pour finir …
Ces quelques lignes ne suffiront jamais pour rendre hommage à ces résistants. Si vous souhaitez en apprendre encore plus sur certains épisodes de l’histoire du maquis, nous vous invitons à retrouver nos articles.
Source :
Raymond Ruffin, Le Maquis Surcouf en Normandie, 1999, éd. Bertout.