Préambule
Le témoignage qui va suivre est celui de Claude Simon, et qui a été partagé par son petit-fils, Alec Simon
Le document original, entièrement tapé à la machine à écrire, est disponible en téléchargement ci-bas. Afin de faciliter sa lecture, je me suis permis d’y ajouter la ponctuation nécessaire, ainsi que de reformuler certaines phrases si cela me paraissait requis. Au nom de tous les amis du maquis, nous tenons à remercier M. Alec Simon pour ce partage, et bonne lecture !
Appeville, dit Annebault
Triste période 1939-1945
Qui aurait supposé à ma naissance en mars 1929, moi, Claude Simon, que je sois témoin de l’histoire bouleversée de mon petit village Normand ? Cette commune a subi, comme bien d’autres hélas, les horreurs des bombardements aériens.
La débâcle et l’occupation
Lors de la débâcle, mon père travaillait au tissage Huet, à Saint Philbert. Il est revenu avec le camion de marque Latil ou Delahaye. La transmission par chaînes rendait très difficile la mise en marche. Francis, mon frère, au volant et papa, à la manivelle (opération très délicate, car le retour de manivelle pouvait casser un bras)
Nous avons mis des bâches, afin de couvrir ce camion, qui était à ridelles, pour pouvoir s’installer à l’intérieur. En cours de construction, un avion a tourné autour et nous l’avons camouflé sous les pommiers
Beaucoup de voisins étaient déjà sur les routes de l’exode
Quelques jours auparavant, au milieu de la nuit, dans notre cour, trois ou quatre bombes sont tombées ne faisant que peu de dégâts : une chèvre fut tuée par un éclat. Quelle frayeur ! Dans le bâtiment nous avions caché plusieurs postes de nos amis dans le foin. Certains furent endommagés par des éclats, dont le nôtre. Nous devions être les précurseurs avec ce poste a batterie dans les années trente six.
A quelques centaines de mètres, Arthur Grouard qui vivait dans un petit local en briques s’était couché dans une tranchée qu’il avait creusé à soixante centimètres de profondeur. Une bombe tomba sur sa petite bâtisse tout près de lui, ce n’était que ruines il s’en sortit sans une égratignure, tout poussiéreux
Les hommes aptes au travail étaient réquisitionnés pour garder le tunnel et la voie de chemin de fer à Glos, la nuit. Certains n’y allaient pas. Le chef de poste, au bureau avec une bonne rétribution et la musette garnie, se charge de trouver un volontaire qui restait bien au chaud
D’autres effectuaient leurs rondes et se guidaient à l’aide d’un bâton qu’ils tenaient horizontalement contre la paroi du tunnel, pas question d’éclairage !
L’ennemi, dont la kommandantur, se trouvait dans l’ex-hôtel “Saint Michel”. Les appartements ayant servi au personnel de M Roger, pharmacien, propriétaire des laboratoires Beral, avait fui avant les bombardements. [Les Allemands] avaient quitté leur tranchée en zig zag d’où partait leurs manœuvres et leurs marches fréquentes. Un de leurs soldats, “Erman Eger”, ayant soit déserté ou refusé les ordres, subit des sévices affreux et fut probablement fusillé. Sa dépouille fut mise au cimetière d’Appeville, ses camarades lui ont confectionné un cercueil dans l’atelier de M. Voranger
Quelques fois pendant les manœuvres allemandes, Victor Dutheil, un couvreur, tête brûlée plutôt farfelu et innocent, marchait devant la troupe au pas cadencé et disait : “on vous en a fait suer aux Dardanelles”. Le maire Henri Loriot avait prévenu les Allemands de sa tare. Il fut déchiqueté pendant les bombardements
Lors de la débâcle des Allemands, la résistance avait changé les panneaux de direction, que l’ennemi venait de poser. Nous avons vu plusieurs fois le passage de convois qui tournaient en rond à Appeville : de la côte des planets, le chêne à la vierge à campigny, la côte du Banneau, à toujours monter et descendre. Les pauvres chevaux étaient exténués, les Allemands, eux, étaient furieux
Nous étions informés des nouvelles grâce à un poste à galène que nous avions monté, et lors des passages des convois la nuit, nous suivions les événements. J’avais fixé l’antenne à la cime du cerisier afin de bien capter. Le poste se trouvait planqué dans une cage à lapins. Pendant ce temps, à cent mètres environ, les convois allemands continuaient leur ronde infernale. Leur moral n’était toujours pas au beau fixe. Notre père allait donner les résultats aux voisins et chez l’adjoint Henri Lefebvre chez qui, un peu plus tard, un officier allemand, recherché, fut arrêté, habillé en civil, et remis aux libérateurs
Près de l’église, le hameau dit Annebault, les maisons Lucas (Lepreste) et Gourlin ne furent pas épargnées. Emmanuel Gourlin fut tué dans son petit lit. Par la suite, M. Gourlin déposa le corps de son fils devant l’hôtel de l’église qui avait moins souffert du bombardement. Malgré de gros dégâts sa maison n’était que ruines
Quant à Charles Lepreste, à peu de distances du chemin des briqueteries, il fut enterré par une première bombe et déterré par une deuxième et projeté dans la haie. Dans son malheur, malgré des blessures, il eut la vie sauve.
Non loin de lui, Mme cordier était inanimée sous les décombres dans un petit local, près de la maison Lucas, au bas de la côte des planets, la maison Duval fut totalement détruite, et Raymonde Hue, qui deviendra plus tard Mme Marie, épicière à Etreville, fut sauvée par M Houdet qui vit sa main remuer, alors qu’il sortait des décombres Duval, gisant à quelques mètres plus loin
Dans la cour de la boulangerie, où il y eut sept morts, dans la tranchée, l’apprenti ayant plongé dans cette dernière fut retrouvé la tête en bas. La bombe était tombée sur la tranchée et sur le tas de bois. Il fut retrouvé des cotterets a plusieurs centaines de mètres.
M. Lesage, ouvrier boulanger avec qui j’ai travaillé à la suite, à échapper, ainsi qu’un oncle de M Bertin se trouvant près du fournil, à quelques mètres de la tranchée. Ayant fait la guerre de 1914-1918, il ne serait jamais redescendu dans une tranchée, c’était sa hantise. Près d’eux, un grand trou géant d’environ dix mètres de circonférence et de six mètres de profondeur. Lorsqu’ ils sont sortis de la pièce où ils étaient, une poutre, étant restée coincée sur la porte entrebâillée, s’effondre avant même d’avoir vu l’ampleur des dégâts. Quel désastre dans ce petit périmètre ! Il y a eu je crois sept bombes. Notre village aurait reçu plus de cent vingts bombes et fut l’endroit le plus touché de l’Eure, par sa superficie et son nombre d’habitants. M Bertin assistait impuissant à ce lâché de bombes, il revenait d’Illeville et se trouvait au premier virage dans la côte, ce qui lui a peut-être sauvé la vie. A son arrivé, il s’effondra : sa femme et son fils étant parmi les victimes
Le bourg n’était que ruines et l’on déplora dix-neuf victimes. Dès la fin du bombardement les habitants du plateau, les hommes surtout, sont descendus avec des pelles et des pioches avec l’espoir de sauver quelques vies, hélas pour rien.
Mme Petit Mère se proposa d’être volontaire pour la toilette de ces pauvres victimes, dure tâche car elle connaissait toutes les victimes … Les corps furent déposés dans l’écurie de M Roger, route de routot. D’un côté la chambre funéraire, de l’autre bout la pièce servi de menuiserie afin de faire les cercueils pour ses victimes. Mon frère Francis, à l’époque apprenti chez M Voranger, malgré que ce dernier soit blessé, ont récupéré tant bien que mal quelques outils et ont effectué ce lourd travail avec des planches de M. Roger ainsi que de M. Voranger. Henri Chemin, apprenti comme Francis, ne participait pas à cette pénible tâche, mais fut tué à la libération aux marettes, près de la mare.
De la forge, sur le chemin qui mène aux cabots, toutes ses victimes figurent sur le monument aux morts près du nouveau cimetière. Sa place définitive est après l’embranchement de la côte d’Illeville et la placette face à la propriété Hurard
Une bombe étant tombée sur la grande route en face actuellement le salon de coiffure, le trou fut bouché par les ennemis qui ont comblé ce dernier avec des fagots de la meule du charcutier Klebert Lebel
Ceci étant encore visible, la chaussée étant souvent, malgré les travaux entrepris, affaissée. Il en est de même dans le chemin de l’église près du garage, l’endroit étant facile à repérer. La reconstruction fut terminée en début 1950 1951
Les forteresses [N.D.L.R : surnom des bombardiers Américains] passaient souvent, ainsi que des avions de chasse. Un jour, sous un soleil radieux, un bruit étrange me fit lever la tête : une forteresse larguait son réservoir. Monsieur Landrin et moi-même avons suivi sa trajectoire : il était tombé dans un de ses champs de blé en face sa maison et l’avons récupéré : une bonne aubaine car à la barbe des Allemands. Nous avons transvaser une trentaine de litres de kérosène d’un beau rose, ce qui nous servi pour les lampes pigeon et le moteur
Les hameaux, bien sûr, n’avaient pas l’électricité. Il arrivait souvent que des Allemands viennent chercher des œufs a la ferme, un peu éloignée de leur campement. Ils étaient très corrects
Un dimanche matin, près du carrefour de Médine, point stratégique, nous étions en train de moissonner lorsque des avions ont mitraillé le site. Nous étions à un kilomètre environ, des chapelets de douilles sont tombés à nos pieds. Avec M Charles Petit, nous nous sommes tous deux glissés sous les gerbes de blé empilées par douze et avons attendu que la vague passe pour repartir vers la meule. Andre Lecollant qui nous aidait est parti en courant à travers la campagne, laissant le brave Lamy, son cheval, tout tremblant au pied d’un pommier
Des avions ont tourné au ras du sol près du sommet de la meule, mon père mis son mouchoir au bout de sa fourche et l’agita comme un drapeau les pilotes, ayant compris le message, sont repartis Nous sommes retournés à la ferme de Robert Landrin aux Marrettes et avons bu un bon café à l’orge grillée. Je pense qu’un bon calva a remis les idées en place
Un jour, je suis allé avec mon père et Francis voir un avion de chasse allemand abattu qui brûlait. La légende dit qu’il s’agissait du neveu à Goering, ce dernier ayant hélas resté dans son avion. Son point de chute se situe entre le château de Médine et le chemin de Valletot non loin de la nationale, au carrefour de la Cardourie située à Corneville, route de montfort. Marcel Lebel livrait du blé au moulin Guilbert afin de ravitailler la population. M Bertin boulanger d’Appeville, qui devait reprendre cette farine, dut faire un détour, car les Allemands entre l’église et la mulotiere avaient préparé, je crois, une piste de V1. Après un début de travaux sur le chemin, sa charrette sauta sur une mine. Alexis Degouet qui l’accompagnait quelques mètres à l’arrière, reçut des éclats et du gravillon en grande quantité, qui se logèrent dans le bas ventre et les parties intimes de ce brave
Voici le carrefour de la Cardourie, à Corneville

A la libération, les habitants du plateau sont descendus pour acclamer les soldats. Emile Calle venant par la côte des planets leur apporta deux brocs de cidre. Certains très excités voulaient crier vengeance : une mère portant son enfant dans les bras reçut un magistral coup de poing dans le cou car son mari avait collaboré. Elle cria “Tuez mon enfant ! Tuez-le !”
D’autres, plus jeunes, mirent trop tôt le brassard des FFI, tel le fils Hubert Loriot, qui fut fusillé et son corps retrouvé dans la Risle, à Corneville, ou encore le fils Marceron qui fut tué où se situait l’actuel collège. Un saule a été planté en son souvenir
Durant cette triste période d’occupation, beaucoup de gens n’ont pas eu une conduite exemplaire, telles ces trois jeunes filles d’Appeville, marchant avec des Allemands bras dessus bras dessous. Le frère de l’une d’elle, en rentrant du travail, la voyant ainsi, voulut la gifler. Mon père qui l’accompagnait sagement l’en dissuada
Les alliés continuaient leur offensive même si pour nous tout semblait terminé. Le génie fit une route à travers les prés partant de la départementale jusqu’au pont bleu près du bâtiment Valmont (actuellement M mignon) et sur le site actuel du lotissement de l’église. Traversant le doult billou, ils construisirent un pont Bailey [N.D.L.R pont préfabriqué utilisé par le génie militaire] sur la Risle, très large à cet endroit, a cinquante mètres des deux ponts de l’île, détruit durant la retraite allemande. La route du bateau étant minée. Comme tout bon militaire, ils lancèrent des grenades dans la Risle et montèrent dans une barque, péchant à bon compte les truites à l’aide d’une épuisette
Au village la vie reprenait tant bien que mal. La boucherie de Maurice Bunel, entièrement rasée, fut installée aux planets, chez M Henri Lefebvre. Dans son garage, Maurice fit l’abattage d’un bœuf, offert par M Louts Renard pour le ravitaillement de la population.
M Bertin, notre boulanger, allait cuire son pain à Pont-Audemer. Il y avait un autre boulanger non sinistré. Pourquoi la municipalité de l’époque n’a-t-elle pas trouvé une solution plus logique ?
Il faisait le transport, sauf le lundi, de Pont-Audemer à Appeville. Il cuisait son pain dans la boulangerie qu’il avait vendue afin de ne pas rester en ville. Ne trouvant pas la sécurité, il avait acheté cette boulangerie à Appeville sur la place. Le destin en fut tout autrement. Il vendait son pain dans l’actuelle boutique barricadée avec des planches. Les fenêtres et les portes étaient bloquées. Une personne dévouée venait tenir quelques temps la boutique le matin
A leurs arrivée des alliés, les militaires se dirigent vers Brestot plusieurs soldats ont encerclé le bois de M Roger, des Allemands ayant été signalés. Ce fut une fausse alerte
Nous avons accompagné les soldats dans la côte des planets a un certain endroit. Tout le monde était accolé au fossé, le fusil mitrailleur en place. Mon père aperçut Mme Delabarre qui traversait comme d’habitude le petit chemin forestier menant à sa demeure. Il cria, ce qui lui valut la vie sauve et lui permit de voir les libérateurs.
Son fils, un très jeune enfant, Serge Delabarre, fut tué accidentellement par balle par deux jeunes qui auraient fait partie de la résistance. Ce que je doute. Dans cette mauvaise période, le mystère reste entier.
A la libération un Allemand fut fait prisonnier au hameau du vieux Montfort. Il ne voulait pas continuer. Il est resté chez les habitants avec des personnes d’Appeville qui se trouvaient en lieu sûr.
M Hourdet (résistant du maquis Surcouf) est venu le chercher. Il fit un signe d’adieu à ses hôtes, certainement soulagé de finir la guerre. Ainsi, un soldat canadien n’eut pas cette chance il fut enterré à l’entrée de la propriété Dutheil au pied d’un platane.
Notons à ce sujet que M Houdet, avec ses agents, travaillait à LEDF. Ils avaient un laissez-passer, de jour comme de nuit
Le district de Corneville comptait de nombreux résistants lors de la démolition du transformateur d ‘Appeville. Près du pont, nous avons retrouvé des munitions. Cet endroit devait servir de boîte à lettres et réserve. L’ennemi ne pouvant y accéder
A noter que beaucoup d’habitants se sont réfugiés dans les grottes situées dans le bois de M Roger. Roger Quatromme en avait aménagé l’entrée. Bien des habitants y ont séjourné
Pendant cette période d’occupation, nous avons, comme beaucoup, à subir les restrictions malgré que nous étions dans un milieu rural. On ne mangeait pas toujours à notre faim
Dans les villages électrifiés, la consommation était elle aussi réduite mais il arrivait à certains de pouvoir bénéficier de courant à la barbe de l’ennemi. Quelques-uns ravitaillent la résistance. Bien des compteurs qui n’ont pas été revus à la suite lors du changement de tension avaient des fils reliés en direct. Ceci étant une faible consommation. A l’époque, il n’y avait, en dehors de l’éclairage, que peu de matériels électrique
Bien des habitants en ont eu l’avantage M Hourdet habitait le bourg
Sur la place du Bourg il y eut un rassemblement de vélo pour l’occupant deux ou trois furent réquisitionnés, il en était de même pour les chevaux. Robert Landrin, un brave agriculteur, où j’ai travaillé quelques mois, a cette petite ferme dont j’en garde un très bon souvenir de cette période, eut ainsi son cheval Lamy emmené. Celui-ci, à la vue d’une jument, était intenable et se cabrait, il était entier les Allemands le renvoyèrent chez lui, à la grande satisfaction de son propriétaire
Il y avait une très grande entente et fraternité entre les habitants. Restes au hameau M Hourdet camarade et ami de jeunesse, a sollicité mon père pour entrer dans la résistance celui-ci a refusé en raison des risques qu’il aurait fait courir à ses six enfants, ils se consultaient très souvent
Nous avions creusé une tranchée aux planets afin d’y être en sécurité et avions installé une paillasse dans le trou à pommes de terre ou nous dormions
Certains prisonniers étaient de retour, d’autres ont été libérés tardivement. Une nuit, un homme est venu frapper à la porte du fournil, le seul endroit où il y avait de la lumière. C’était un brave prisonnier qui revenait. Il était accompagné il ne s’était pas reconnu ceci lui donna espoir c’était un fils Lefebvre. Il y avait plusieurs Lefebvre dans la commune. Après renseignements il nous dit “village de la Mulotiere”. M Lesage ne pouvait pas lui donner de note. Comme je connaissais j’expliquais à ses deux hommes la route. A son arrivée ses parents bondirent : à la porte son père en caleçon, grande chemise et peut être un bonnet de coton. Sa mère en chemise de nuit. Ce fut la joie : retrouvée sa famille, son frère et ses soeurs, dont micheline sautèrent de joie
L’après-midi il faisait ses depos, un jour Brestot et l’autre Illeville, dans une petite vachère que M Gourlin lui avait donné afin de faire son travail avec un pur-sang qui lui avait été fourni par les autorités
Par la suite, mon père, avec des aides, ont construit un local pour cuire le pain dans un four werner allemand avec des matériaux récupérés parmi les décombres
La charcuterie de Klebert Lebel fut installée dans l’entrée du laboratoire Beral. Des baraquements furent montés sur la place actuelle, occupés d’une part par la maison Bunel ,Quatromme, William, épicerie dehors M Huette ainsi que d’autres personnes
Un baraquement fut construit à côté du fournil dans la cour de Mme Lautour pour la loger. Près de l’église un autre baraquement pour abriter M Lepreste lequel était provisoirement dans un local qu’il avait aménagé dans sa cour
Mon frère Francis Simon, Robert Gallais. Marcel Deflube ont monté avec une ou deux manœuvres ses habitations provisoires. Je ne pense pas qu’ils ont participé à celui de M Leprestre
Entre le fournil et le baraquement de Mme Lautour, une bombe non éclatée resta très longtemps avant d’être retirée. Aussi, un lundi, jour de repos de la boulangerie, les démineurs sont venus après avoir évacué Mme Lautour. Ils ont déterré la bombe qui n’était plus dangereuse. Étant fêlée sur toute sa longueur elle pesait, paraît-il, deux cents cinquante kilos
Les animaux aussi avaient faim. Les rats niches sous les décombres, venaient par bandes et séjournaient sous le plancher du fournil. Il n’était pas rare d’en tuer et d’ en prendre dans les pièges par douzaines et perçaient même le plancher. Le chien de Klebert Lebel, notre charcutier, en tuait constamment. J’étais mitron à cette époque ils attaquaient même aux sacs de farine
Quelques années plus tard, au cours de mon service militaire à trèves, en occupation, un Allemand chauffeur d’un gros mercedes de l’époque me surpris en me disant d’un mauvais français avoir connu Appeville : belle cathédrale, village désastre
Il faisait chaque jour les champs d’aviation, son parcours étant Triqueville, Beaumont le Roger, Conches et probablement Saint André. Il y a quelques fois des circonstances bizarres. Vu son âge, il fut certainement réserviste
En lisant et en regardant ces cartes et photos, nos descendants pourront réaliser comment était notre charmant village autrefois mais c’était hier ou avant-hier.
Hélas voici le récit que j’ai vécu en cette triste période. J’ai écrit ces quelques pages afin de documenter les générations futures sur la vie plutôt sombre de cette époque de ma jeunesse, hélas vécue.
Dans un futur avenir il ne restera plus de personnes pouvant faire le récit de cette période de vie mouvementée
Claude Simon
Le document original est disponible ici